Bleu pastel, la couleur du peintre

  Les textes les plus anciens identifient le bleu pastel ou indigo à une couleur et non au pigment lui-même dont la nature restera imprécise jusqu'à la fin du XVIIIème siècle.
  Pline, dans son livre XXXV de l'Histoire naturelle,  au 1er siècle de notre ère, fait une distinction entre l'indigo ("vindaco", "indicum") et le pastel ("vitrum", "glastum"). A cette époque, l'indigo est connu sous forme de pierre en provenance d'Orient, d'où une confusion qui s'installe avec la définition du pastel, plante susceptible de fournir un faux indigo en recueillant l'écume qui surnage sur les chaudrons des teinturiers.
  Heraclius (Xe-XIe siècles) dans son traité, donne une recette de ce que l'on peut considérer comme celle du pastel : "l'indigo Bagadel et le blanc d'Espagne sont mélangés, pilés sur une pierre dure, liés avec du blanc d'œuf ou de l'eau gommée".

Cennini dans Libre de l'Arte (1437), donne une recette très voisine pour contrefaire l'azur d'Allemagne.
  Léonard de Vinci attribue à Jean Perréal, venu à Milan en 1499 avec Louis XII, la révélation de la technique de la coloration à sec (folio 247 du Codex Atlanticus, Milan, Bibliothèque Ambrosiana). Il réalisera la même année à Mantou le célèbre portrait d'Isabelle d'Este, un des tous premiers tableaux à la peinture sèche qui nous soient parvenus (On ne parle pas de pastel ; Subtilités scientifiques !).

   Notons que l'indigo et le pastel des peintres étaient utilisés en poudre. Ils ne supportaient que très peu l'huile, ce qui permet peut-être d'expliquer le fait que l'azur et l'outremer leurs aient été préférés, et qu'ils étaient surtout utilisés en enluminure.
Il faudra attendre la fin du XVème siècle pour voir la peinture sèche prendre son essor en France, et que son utilisation en "crayons" soit avérée.

Pourquoi aussi peu de référence au bleu pastel des peintres ?
La corporation des teinturiers était très réglementée et a laissé de nombreux documents sur les pigments et la fabrication des couleurs, alors que celle des peintres n'existait pas. Les secrets des ateliers sur les procédés pour peindre ne seront que partiellement levé au Siècle des Lumières, avec la publication en 1788 du premier "Traité de la peinture au pastel" par Paul-Romain de Chaperon.

 

 

Le premier traité de peinture au pastel de 1788